Marcelle Alix Marcelle Alix
Projects

Le vicomte pourfendu

Anne-Lise Coste, Ian Kiaer, Laura Lamiel, Charlotte Moth, Jean-Charles de Quillacq

06.06.2012 - 28.07.2012, vernissage 06.06.2012


and with: Marcellvs L. and Michel François*
at the occasion of the Berlin-Paris gallery exchange
with carlier I gebauer, Berlin

*Michel François is represented in Paris by Kamel Mennour

> Intervention by Jean-Charles de Quillacq: 6.06.2012, 8 pm
>> en français plus bas


The Cloven Viscount places the reader in an exhilarating position. The philosophical tale, written by Italo Calvino in 1951 (and maybe the least famous part of his trilogy Our Ancestors) describes a situation that we easily recognize, as it plays on a system of oppositions that shapes our vision of the world. In the tale, the evil half of the Genovese viscount Medard de Terralba comes back from the war, cloven by a cannon ball. Once he has moved back to his land, the man's half, full of a resentful rage, cuts everything in two parts. Later on, the narration radically changes when the other half (the good one) miraculously reappears. The primary contrast between evil and good that Calvino stages is pushed to its extreme limits, ending up in total chaos. The two halves, as they finally confront each other, "baffle the paradigm", in a way. We are facing the situation that Roland Barthes describes when he defines the Neutral as an interruption in the system of oppositions that shapes our lives.


The works in the exhibition seem to move forward towards a hypothetical revelation of the Neutral, through a body of heterogeneous references, specifically presenting a more indirect relationship to the subject. In the exhibition Figure IV that preceded Le vicomte pourfendu, Laura Lamiel initiated a reflection about works that attempt to contain everything. The fragment of enamelled-brick wall, which she has directly put together in the space, is a way to neutralise what refers to power (the will to unite and to dominate, to offer a monolithic vision), and to propose an open form or a self-portrait devoid of any narcissism.
Similarly, Jean-Charles de Quillacq's performances only allow to see him in a fragmented way, through a juxtaposition of signs. He is present, but cannot be grasped. He submits himself to the general opinion who wishes for the subject to reduce itself but he stays out of reach, a shadow of himself that an imaginary stream pointlessly crosses.
Anne-Lise Coste's paintings recall the "tip of the nose which bore a faint but certain trace of corruption" that Barthes describes in A Lover's Discourse. In other words, the moment when we see "the good Image suddenly alter and capsize", simply because of a minor incident, something unusual that appears suddenly.
In Charlotte Moth's Counter works, every surface hides a mystery. Thanks to photography, the artist neutralizes the binary dimension of meaning. She interrupts the physical and mental movement which consists in going behind the sequined curtain: logic is overruled, meaning that a possible apparition can stem from the curtain's surface, or from what precedes it.
Like Charlotte Moth, Ian Kiaer examines Modernist architecture, with a particular attention to its relationship with painting. His installations refuse a division of genres. Kiaer wants to find another way of producing painting, by working on subtle contrasts which evade the duality painting/architecture and disturb set hierarchies. Thus he brings together the Venitian "petit-maître" Pietro Longhi and the architect Carlo Scarpa, underlining how they both exercised their arts as "minor forms".
Finding its inspiration in an apologue, the exhibition invites to interrupt a Manichean conception of art: minimal vs. organic, masculine vs. feminine, major vs. minor, formal vs. conceptual.
MA


At the occasion of the Berlin-Paris gallery exchange, we will show, in the gallery's projection room, two films by Michel François and Marcellvs L., represented in Berlin by Carlier I Gebauer. In collaboration with the gallery, we selected works that could respond to Le vicomte pourfendu.


Special thanks to: Alexandra Bordes, Marie-Blanche Carlier, Julien Achard, Clément Rodzielski, Alison Jacques Gallery, Londres, Ellen de Bruijne Projects, Amsterdam, castillo/corrales.


> Intervention de Jean-Charles de Quillacq 6.06.2012, 20h


Le vicomte pourfendu place le lecteur dans une situation particulièrement jouissive. Ce conte philosophique d'Italo Calvino écrit en 1951, peut-être le moins connu de la trilogie Nos ancêtres, dépeint une situation que nous reconnaissons sans mal, puisqu'elle joue sur un système d'oppositions autour duquel s'élabore notre rapport au monde. Dans le conte, la mauvaise moitié du Vicomte génois Médard de Terralba revient de la guerre, pourfendu par un boulet de canon. C'est cette même moitié d'homme, multipliant les gestes destructeurs, qui coupe tout en deux, une fois réinstallé sur ses terres. Plus tard, le récit bascule: à l'arrivée miraculeuse de l'autre moitié, la bonne. Cette binarité primaire rejouée par Calvino s'épanouit jusqu'à ses limites, dans le chaos le plus total. Les deux moitiés, finalement obligées de s'affronter, vont d'une certaine façon « suspendre le paradigme ». Nous nous retrouvons dans la situation décrite par Roland Barthes, alors qu'il définit le Neutre comme la suspension des systèmes d'oppositions qui régissent nos vies.


Les oeuvres de l'exposition semblent progresser vers une hypothétique révélation du Neutre, éclairant tour à tour un corpus de références hétérogènes, notamment à travers une approche du sujet plus indirecte. Laura Lamiel a ouvert dans l'exposition Figure IV qui a précédé celle-ci, cette réflexion sur les oeuvres qui tentent de tout contenir. Le fragment de mur de briques émaillées, élaboré directement dans l'espace, est une manière de neutraliser ce qui est de l'ordre du pouvoir (ce qui veut rassembler et faire autorité, ce qui offre une vision unique), pour tendre vers une forme ouverte ou un autoportrait qui ne soit pas narcissique.
De la même façon, Jean-Charles de Quillacq conçoit des performances qui ne permettent pas de le voir autrement que de façon fragmentée, à travers une juxtaposition de signes. Il est là, mais on ne peut le saisir. Il est soumis à l'opinion générale qui souhaite que le sujet se réduise lui-même, mais il reste intouchable et s'inscrit en pointillés, traversé sans ordre ni fin par un ruissellement imaginaire.
Les peintures d'Anne-Lise Coste font penser à ce « petit point du nez » décrit par Barthes dans Fragments du discours amoureux. Autrement dit, le moment où l'on verrait « la bonne Image soudainement s'altérer et se renverser », simplement à cause d'un point de corruption, quelque chose d'insolite qui surgit.
Dans les Counter Works de Charlotte Moth, chaque surface cache un mystère. Grâce à la photographie, l'artiste neutralise le sens dans sa dimension binaire. Elle suspend le mouvement physique et mental qui consiste à passer derrière le rideau à sequins et bouleverse la logique, signifiant qu'une possible apparition peut provenir de la surface du rideau, comme de ce qui le précède.
Comme Charlotte Moth, Ian Kiaer interroge des architectures modernistes, mais toujours au regard de la peinture. Ses installations refusent une division des genres. Kiaer veut trouver une autre manière de faire de la peinture en travaillant des contrastes subtils, qui puissent déjouer la dualité entre peinture et architecture et déranger les hiérarchies. Ce faisant, il n'hésite pas à rapprocher le « petit-maître vénitien » Pietro Longhi et l'architecte Carlo Scarpa, tous les deux liés par une approche « mineure » de leurs arts.
Trouvant son inspiration dans un apologue, l'exposition propose de mettre en suspend une vision manichéenne de l'art : minimal contre organique, masculin contre féminin, majeur contre mineur, formel contre conceptuel.
MA


Dans le cadre de l'échange Berlin-Paris, nous présenterons dans l'espace de projection de la galerie, deux films de Michel François et Marcellvs L., représentés par la galerie Carlier I Gebauer. Nous avons souhaité, avec la complicité de la galerie berlinoise et de ses artistes, proposer des oeuvres qui puissent dialoguer avec Le vicomte pourfendu.


Remerciements: Alexandra Bordes, Marie-Blanche Carlier, Julien Achard, Clément Rodzielski, Alison Jacques Gallery, London, Ellen de Bruijne Projects, Amsterdam, castillo/corrales.