Quand deux deviennent un
Ernesto Sartori
01.03.2013 - 20.04.2013, vernissage 01.03.2013
Let's jump back three years. For the group exhibition Moon Star Love, we had gathered eight young artists, whose practice seemed to presage the gallery's program. On this occasion, Ernesto Sartori had introduced us to the founding rules of the universe he meant to create: the slope he had fallen in love with inhabited his wall sculptures, abstract assembly and wood paintings, on which the activities of both protagonists, Gary and Duane, were to be nearly daily listed.
In the painting entitled Le baiser de la mort (2009), Gary and Duane (initially Left and Right), were locked into a deadly struggle. From then on, Ernesto Sartori's work revealed itself as laden with a double meaning: a formal vocabulary elaborated around vectorial calculations, modules of accurate symmetry and a narrative, which, borrowing from manga and science fiction tales, ascertained a world parallel to ours. Hervé (2001) or RV (a play on word on the initials of the French words Rouge et Vert, red and green), half character standing on two conical paws, half one-person residential unit, embodies this duality to perfection. Gary and Duane also function as an allegory of bipolarity. A work, which, in a surprising manner, takes after the proliferation and the rigour, the chaos and the logic.
The exhibition When two become one gives Ernesto Sartori the possibility to affirm his position as an author. Motivated by what we could call a logical revolt, he coalesces the rationality of the calculations of prospective architecture with the narrative chaos of a fanciful universe. Without hang-ups and with no mind to be particularly legible, he nurtures a multiplicity of points of view and scales. He thus reaches the signs of a certain maturity: the capacity to speak with his own voice, ceaselessly renewed (potentially creator of a feeling of dissonance, chaos, disruption of the established order) and the elaboration of an internal logic. The artist often keeps the keys to his logic, backbone of his work. It is not necessary to make it explicit (as it is not necessary to understand exactly which mathematical calculations underlie his geometrical forms), but it is what makes the work accessible and legible, even in the form of isolated objects.
I often wondered how most of the works of art found on the art market get sold, these fetishes, part-objects, struggling to represent an artistic approach, complex and outlandish. The mistake is just that: imagining that these objects were to represent something. On the contrary, to function as artworks, they have to be inscribed in the continuity of the artist's approach, and proceed from that same chaos, that same revolt against the norms found in the whole work. The works of art I enjoy do not function so much on the synecdoche mode (a part representing a whole) but on the possibility they hold to embody all the revolutionary potential of an artistic work.
I hold in high esteem Ernesto Sartori's capacity to express himself at every scale: from the totalling environment created for his first exhibition at the gallery (Atom's Fury, 2010) to the models he is showing today. Whether we like to have a concrete relationship to the objects, to their materiality and delicate colours, or whether we prefer to see in them the possibility of a towering project, it seems to me that Sartori's work can be enjoyed for its different layers of meaning, without them contradicting one another. With this work, we can admire in the same way, and in a harmony, which is his - and his alone - figurines of dinosaurs and the discontinuity of Claude Parent's architectural language, the absurd tales of Kurt Vonnegut and the poetry of the Spice Girls' songs.
IA
A graduate of the School of Fine Arts in Nantes (France), Ernesto Sartori was born in 1982 in Vicenza (Italy). FRAC Pays de la Loire (Carquefou, France) organised a personal exhibition of his work in 2010, the very year he participated to Monsieur Miroir, 12th edition of the Ricard award (cur. Emilie Renard). In 2011, his works were presented at the FIAC (secteur Lafayette), at the Ferme du Buisson art center, Noisiel (La Ronde) and for the exhibition RN137 in Rennes and Nantes (cur. Zoo galerie). He produced several installations on the spot in 2012, for l'Art dans les Chapelles (Brittany), Vent des Forêts (Meuse) and presented an ambitious installation entitled Deux vaisseaux at Espace Culturel Louis Vuitton, Paris (Autobiographies, cur. Erik Verhagen).
Ernesto Sartori and Marcelle Alix would like to thank Laurence Gateau, Emilie Renard and Guillaume Constantin for their constant support.
Very special thanks also go to: Sonia Droulhiole, Camila Renz, Solenn Morel, Mélanie Vincent, Aurélien Mole, Samy Abraham, Olivier Magnier.
Faisons un bond de trois ans en arrière. Pour l'exposition de groupe Moon Star Love, nous avions rassemblé huit jeunes artistes dont la pratique nous semblait annonciatrice du programme de la galerie. A cette occasion, Ernesto Sartori nous initiait aux règles fondatrices de l'univers qu'il entendait créer : la pente dont il était tombé amoureux peuplait ses sculptures murales, assemblages abstraits et peintures sur bois, sur lesquelles les activités de deux protagonistes Gary et Duane, allaient se retrouver répertoriées presque quotidiennement.
Dans la peinture intitulée Le baiser de la mort (2009), Gary et Duane (initialement Gauche et Droite) combattaient à mort. Le travail d'Ernesto Sartori se révélait dès lors à double sens : un vocabulaire formel élaboré autour de calculs vectoriels, de modules à la symétrie précise et une narration qui, empruntant au manga ou au récit d'anticipation, définissait un monde parallèle au nôtre. Hervé (2011) ou RV (rouge et vert), mi-personnage monté sur deux pattes coniques, mi-cellule d'habitation pour une personne, incarne parfaitement cette dualité. Gary et Duane fonctionnent aussi comme une allégorie de la bipolarité. Une oeuvre qui, de façon surprenante, tient à la fois du foisonnement et de la rigueur, du chaos et de la logique.
L'exposition Quand deux deviennent un donne la possibilité à Ernesto Sartori d'affirmer clairement sa position d'auteur. Animé par ce que l'on pourrait nommer une révolte logique, il combine la rationalité des calculs de l'architecture prospective et le chaos narratif d'un univers fictionnel. Sans complexe et sans essayer d'être particulièrement lisible, il entretient une multiplicité des points de vue et d'échelles. Il atteint ainsi les signes d'une certaine maturité : la capacité à parler de sa propre voix, sans cesse renouvelée (potentiellement créatrice d'une impression de dissonance, de chaos, de perturbation de l'ordre établi) et l'élaboration d'une logique interne. Cette logique, épine dorsale de l'oeuvre, l'artiste en garde souvent les clefs. Il n'est pas nécessaire de l'expliciter (comme il n'est pas nécessaire de comprendre exactement quels calculs mathématiques sous-tendent ses assemblages de formes géométriques), c'est pourtant elle qui rend le travail accessible et lisible, même sous la forme d'objets isolés.
Je me suis souvent demandé comment se vendent la plupart des oeuvres qui se trouvent sur le marché de l'art, ces fétiches, ces objets partiels, qui peinent à représenter une démarche artistique complexe et singulière. L'erreur est justement d'imaginer que ces objets seraient à même de représenter quoique ce soit. Au contraire, pour fonctionner en tant qu'oeuvres, ils doivent s'inscrire dans une continuité avec la démarche de l'artiste et pouvoir procéder du même chaos, de la même révolte contre les normes que l'ensemble du travail. Les oeuvres d'art que j'apprécie ne fonctionnent pas tant sur le mode de la synecdoque (partie représentant le tout) que sur la possibilité de contenir en elles tout le potentiel révolutionnaire d'un travail artistique.
J'estime la capacité d'Ernesto Sartori à s'exprimer à toutes les échelles : de l'environnement totalisant réalisé lors de sa première exposition à la galerie (La fureur de l'atome, 2010) aux maquettes qu'il montre aujourd'hui. Que l'on aime avoir un rapport concret aux objets, à leur matérialité et leurs couleurs délicates ou que l'on préfère y voir la possibilité d'un projet monumental, il me semble que le travail de Sartori peut être apprécié pour ses différents sens de lecture, sans que ceux-ci ne se contredisent. Avec ce travail, on peut admirer de la même façon, et dans une harmonie qui lui est propre, les figurines de dinosaures et la discontinuité du langage architectural de Claude Parent, les récits absurdes de Kurt Vonnegut et la poésie des chansons des Spice Girls.
IA
Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Nantes, Ernesto Sartori est né en 1982 à Vicenza (Italie). Le FRAC Pays de la Loire lui a consacré une exposition personnelle en 2010, année où il participait à Monsieur Miroir, 12ème prix Ricard (cur. Emilie Renard). En 2011, ses oeuvres ont été présentées à la FIAC (secteur Lafayette), à la Ferme du Buisson (La Ronde) et au sein de l'exposition RN137 à Rennes et Nantes (cur. Zoo galerie). Il a réalisé plusieurs projets in-situ en 2012, pour l'Art dans les Chapelles (Bretagne), au Vent des Forêts (Meuse) et présenté à l'Espace Culturel Louis Vuitton à Paris une ambitieuse installation intitulée Deux vaisseaux (Autobiographies, cur. Erik Verhagen).
Ernesto Sartori et Marcelle Alix remercient chaleureusement Laurence Gateau, Emilie Renard et Guillaume Constantin pour leur soutien continu.
De grands mercis également à: Sonia Droulhiole, Camila Renz, Solenn Morel, Mélanie Vincent, Aurélien Mole, Samy Abraham, Olivier Magnier.