si tu disais
Lola Gonzàlez
16.01.2020 - 07.03.2020, vernissage 16.01.2020
[en français plus bas]
"(…) I don’t know what I want, you don’t know
who your are, and we are almost even."[1]
Lola Gonzàlez’s latest films show us her new and old friendships, her ability to bind together people whom she has met during her stays in different countries, wherein visceral proximity is constantly re-enacted — a way of looking together at the landscape and fearlessly inhabiting it. Here, individuals invent new languages, unusual ways to emancipate themselves from decency and superfluous distance in order to immediately engage in a relationship with the other. The subtitles through which the artist interprets the content of the interactions open up these symbiotic moments to our desire to be part of them. Whether used to get mobilised, to evaluate the flaws of a work that is so close to life or to release energies and desires, the creation of ephemeral languages resonates within us as a reminder of our own friendship stories. The re-invention of language becomes straightforwardly bound to the project of radical emancipation claimed by feminist thinkers[2].
if you said let’s go, if you said I’m so tired of being here,
I would listen to you believe me[3]
if you said let’s run down to the sea and swim up to the raft
if you took my hand
and that of Vasilis, Danai, Anouk, Telma
Yuyan, Dédé, Quentin, Sandra, Luca, Malak
Claire, Jenny, Alexandros, Matthieu, Thibaut
we would be in houses, outside as well as inside
tall trees under which we could take shelter
porches, gardens of wild grass
many beaches
seashores, in the North and then the South, barren mountains, eaten away rocks
if you said listen with me to Cat Stevens, Yusuf Islam
I still hear the guitar
if you said read my lips
I would come after your mouth
if you said let’s give up on words
I would remain against you
defending my ideas
I would go as far as using slogans
let’s be a multitude
everything is political
including language
and if you said love with many
is good for the heart
let’s start again
if you said let’s go
let’s remain, let’s insist
let’s braise
if you said no
you would be right
MA
(translation Callisto McNulty)
[1] Amelia Rosselli, « La Libellule », 1985
[2] "If we continue to speak the same language, we will reproduce the same history" Luce Irigaray wrote in 1976 (here) bell hooks calls language a "place of struggle" in her 1989 text "Choosing the Margin as a Space of Radical Openness."
[3] Françoiz Breut, « Si tu disais », 2000
Lola Gonzàlez was born in 1988, she lives in Paris (FR). She graduated from the Lyon School of Fine Arts in 2012. Since then, she has shown her work (videos and performances) at IAC Villeurbanne (FR); Kunstverein Sparkasse, Leipzig (DE); Centre Pompidou (Hors-Pistes Festival); Salon de Montrouge (FR); La Galerie/ Noisy-le-sec Art Center (FR); Belvedere 21, Wien (AT); Le Plateau/ FRAC Ile de France; the Contemporary Art Museum in Lyon; Basis, Frankfurt (DE); Le Crédac-art center in Ivry-sur-Seine (FR); Le 19-art center in Montbéliard (FR) and Temple Bar Gallery + Studios (IE). She was a resident at Villa Medici in Rome in 2018-2019.
Special thanks: Charlène Dinhut, Malak Maatoug, Catalina Peña, Josselin Vidalenc, friends and family.
--
« (…) Je ne sais ce que je veux tu ne sais
qui tu es, et nous sommes presque quitte. »[1]
Les derniers films de Lola Gonzalez donnent à voir ses amitiés nouvelles et anciennes, sa capacité de connecter entre elles des personnes rencontrées lors de ses séjours dans différents pays où se rejouent sans cesse une proximité viscérale, une manière de regarder ensemble le paysage et de l’habiter sans peur. Ici, elles et ils inventent de nouvelles langues, singulières manières de se libérer des convenances et des distances superflues pour rentrer immédiatement dans la relation à l’autre. Les sous-titres par lesquels l’artiste interprète le contenu des échanges ouvrent ces moments fusionnels à notre désir d’en être. Que ce soit pour se mobiliser, pour évaluer les failles d’un travail si proche de la vie ou pour libérer énergies et envies, la création de langues éphémères résonne en nous comme un rappel de nos propres histoires d’amitié. C’est sans détours que cette réinvention du langage se lie au projet d’émancipation radicale réclamée par les penseuses féministes[2].
si tu disais on y va, si tu disais j’en ai tellement marre d’être ici
je t’écouterais crois-moi[3]
si tu disais courons jusqu’à la mer et nageons jusqu’au radeau
si tu prenais ma main
et celles de Vasilis, Danai, Anouk, Telma
Yuyan, Dédé, Quentin, Sandra, Luca, Malak
Claire, Jenny, Alexandros, Matthieu, Thibaut
on serait dans des maisons, aussi bien dehors que dedans
de grands arbres sous lesquels s’abriter
des porches, des jardins d’herbes folles
beaucoup de plages
des littoraux, au nord puis au sud, des montagnes pelées, des rochers tout rognés
si tu disais écoute avec moi Cat Stevens, Yusuf Islam
j’entends toujours la guitare
si tu disais read my lips
je m’en prendrais à ta bouche
si tu disais laissons tomber les mots
je resterais contre toi
à défendre mes idées
j’irais jusqu’au slogan
soyons une multitude
tout est politique
y compris le langage
si tu disais l’amour à plusieurs
c’est bon pour le cœur
recommençons
si tu disais on y va
restons, insistons
braisons
si tu disais non
tu aurais raison
MA
[1] Amelia Rosselli, « La Libellule », 1985
[2] « Si nous continuons à nous parler le même langage, nous allons reproduire la même histoire » écrivait Luce Irigaray en 1976 (ici) bell hooks appelle le langage « lieu de combat » en 1989 (là)
[3] Françoiz Breut, « Si tu disais », 2000
Lola Gonzàlez est née en 1988, elle vit à Paris. Diplômée de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon en 2012, elle a depuis montré son travail vidéo et de performance à l'IAC Villeurbanne, le Kunstverein Sparkasse, Leipzig (DE), le Centre Pompidou (festival Hors-Pistes), au Salon de Montrouge, à La Galerie/ centre d'art de Noisy-le-sec, à Belvedere 21, Vienne (AT), au Plateau/ FRAC Ile de France, au Musée d'art contemporain de Lyon, à Basis, Francfort (DE), au Crédac- centre d'art contemporain d'Ivry-sur-Seine, au 19- centre d'art de Montbéliard et à Temple Bar Gallery + Studios (IE). Elle était pensionnaire de la Villa Medicis à Rome en 2018-2019.
Remerciements: Charlène Dinhut, Malak Maatoug, Catalina Peña, Josselin Vidalenc, les ami·e·s, la famille.